Si vous avez connaissez les mots street, park, flat, rails, bunny hop ou up, busdriver, barspin, wheelgrab… c’est que vous parlez BMX (Bicycle Moto cross).
Né aux Etats Unis dans les années 70, ce sport cycliste extrême, physique, technique et spectaculaire est pratiqué par des riders qui choisissent pour s’exprimer la race (parcours sur une piste parsemée de bosses), discipline olympique depuis 2008 ou le freestyle (réalisation de figures techniques) qui se divise en de nombreuses catégories. La plus emblématique est le flat qui consiste à faire des figures et des enchainements sur un sol plat souvent en équilibre sur une roue.
C’est dans cet art particulièrement exigeant qui oscille aujourd’hui entre un sport et une forme originale d’expression artistique chorégraphique qu’Alexandre Jumelin est passé maître.
Plusieurs fois champion du monde de sa catégorie, ce garçon disponible, tout en gentillesse et en simplicité est un véritable mythe pour un public épris de liberté, adepte des réseaux sociaux.
Un des meilleurs riders au monde certes, mais un homme qui a la tête sur les épaules et dont la longévité sur le circuit international surprend.
Entre rigueur et accomplissement de soi
Alexandre Jumelin, véritable exemple pour les jeunes qui le suivent, place l’effort et la rigueur au cœur de son travail. « A 39 ans aujourd’hui, j’ai la chance que mon corps ne me lâche pas et me permette de continuer mon parcours international. Mais si je peux encore tenir la dragée haute à des mecs de 25 piges, c’est au prix d’efforts réguliers, avec toujours plus d’abnégation et de travail ». Cette rigueur qui l’accompagne lors de ses entrainements quotidiens lui est nécessaire pour arriver à cette osmose complète entre corps et esprit. Repousser les limites c’est avoir selon lui le souci constant d’un équilibre entre la fluidité technique et l’esthétisme. D’ailleurs précise-t-il « associer la technicité et la créativité est le secret d’un run* parfait ».
S’il est fier de savoir que de nombreux jeunes s’inspirent de son travail et de ses enchainements, c’est avec le sentiment de partager et de transmettre des valeurs : un gout de l’effort, du dépassement de soi et du travail bien fait. « C’est souvent en ratant une figure que l’on trouve une autre manière de faire, et en travaillant, travaillant encore que l’on trouve la solution ». Et il sait de quoi il parle. Le BMX, qu’il a commencé à onze ans, lui a en effet apporté cette satisfaction d’accomplir des figures parfaites après des heures passées à s’acharner pour changer ce tout petit quelque chose qui fait la différence.
Un sport en mutation constante
Alexandre Jumelin a connu toutes les évolutions de son sport. Il l’a vu devenir de plus en plus difficile et compétitif, susciter de plus en plus d’attente de la part des fans « qui attendent de voir briller les pros », mais aussi des sponsors qui attendent des résultats.
S’il y a une communauté BMX, ce sport acrobatique qui demande des qualités de vélocité, de puissance, d’explosivité et d’endurance est encore jeune et il a de beaux jours devant lui. Socialement accessible, axé sur les préoccupations de développement durable il suscite un réel engouement comme en témoigne les 600 000 aficionados qui se sont réunis à Montpellier début mai lors de la FiseWorld créée il y a 20 ans.
Sa passion il aime la partager au travers des tutorings qu’il réalise ou lors des nombreuses compétitions auxquelles ils participent à travers le monde. Et si ses tatouages témoignent de son histoire « Tout la monde à une histoire, le tatouage, c’est une histoire écrite différemment, c’est juste la mienne », il sait où sont ses priorités et son équilibre entre son travail et à sa famille.
C’est d’ailleurs pour cela qu’il a choisi de s’installer, après plusieurs années passées aux Etats-Unis dans un endroit tranquille pas loin de Paris où il pouvait s’entrainer. Son souci était de trouver une ville où les gens se reconnaissent, « j’ai eu la chance que la ville comprenne mon sport et l’importance de m’entrainer dans de bonnes conditions. ». S’il espère maintenant pouvoir créer une structure de formation et pourquoi pas un Championnat de France, pour l’heure en remettant son titre en jeu, son objectif est de réussir des runs de qualité, de faire un maximum de podiums et notamment un bon résultat au prochain Championnat du monde.
« J’aime les gens heureux, positifs et souriants. On ne sourit pas assez et c’est dommage. » conclut-il avant de monter sur son vélo.
Christophe Ragué
* rider : pratiquant d’un sport extrême
* run : set de 3 mn au cours duquel le rider doit réaliser des figures sans poser le pied au sol
Bio express
- Naissance à Paris en 1977
- Professionnel BMX à 16 ans
- Signe son premier contrat de sponsoring à 19 ans
- 4 fois champion du monde de sa discipline notamment en 2014 et 2015
- Plus de 40 podiums mondiaux